Nous n’oublions rien, tout ce que nous avons perçu, pensé, voulu persiste indéfiniment, écrit Bergson dans cette conférence prononcée le 16 mars 1901 et où l’auteur de L’Énergie spirituelle, tout en restant prudent sur la théorie freudienne (L’Interprétation du rêve a paru en 1900), s’attache à la matérialité du rêve. Dès lors, si rien ne s’oublie, où les souvenirs sont-ils stockés ? Comment les convoque-t-on par le rêve ? Que « voit-on » en rêvant ? A-t-on des sensations physiques ? Rêver nous demande-t-il des efforts ? Peut-on avoir des idées, créer, en rêvant ?
Ce texte est suivi d’un magnifique écrit de Robert Louis Stevenson, « Un chapitre sur les rêves » (1888), que Bergson commente et qui, plus tard, fascina Jorge Luis Borges, où Stevenson, féru de psychologie, consigne les rêves et cauchemars de son enfance et pressent l’importance de ce que Freud allait appeler « inconscient ».